Avant cette dernière année de premier mandat (généralement consacrée à la campagne de réélection dans nos démocraties africaines), IBK semblait ne pas être très fan des médias. Entre d'un côté ses actions et réalisations politiques qui ne sont pas à la hauteur des attentes et, de l'autre côté la mise en cause de sa légitimité politique à travers les contestations sociales dans la capitale et ses environs d'une part et, d'autre part par la fin du "monopole de la violence physique" de l’État à partir de Mopti et au-delà. Si l'heure n'est pas encore au bilan du quinquennat, elle se prête largement aux constats et aux réflexions pour espérer un meilleur sort en 2018. Outre l'aspect médiatique, IBK serait réputé comme peu "sociable" dans la mesure où son "insociable sociabilité" est calculé en fonction des besoins et des contraintes politiques. Les quatre premières années, le président n'a besoin de personne. Au contraire, il est courtisé car il détient les accès aux ressources publiques. Mais la donne change la cinquième année avec la contrainte d'aller vers les électeurs ou de les laisser venir à lui, toujours à travers l'appât d'accès aux ressources d’État.
IBK, pas si différent de ATT
ATT. Il aurait été le président qui s'invitait partout -à la limite, qui s’immisçait dans tous les événements. ATT était là où la présence d'un ministre pouvait suffire. Était-ce par souci de ne pas perdre le contact avec les citoyens ou par simple calcul politique ou les deux ? Au début, IBK se faisait rare. Les Maliens le voyaient atterrir pour le voir aussitôt s'envoler. Il fallait voyager le plus que possible pour, nous dit-on, "signer le retour du Mali dans le concert des nations." Même si l'on sait que les nations comme la nôtre, dansent à la musique des puissances occidentales dans ce concert. Aussi, la situation sécuritaire du pays permettait au président de se faire discret et qui se comprenait à juste titre. Or, c'est dans de telle configuration politico-sécuritaire que le président devrait multiplier les apparitions et les contacts avec les populations à l'intérieur du pays pour à la fois les rassurer et démontrer qu'il partage leurs quotidiens.
IBK s’effaçait et parlait le moins possible préférant les tribunes à audience limitée et ciblée d'où fusent menaces et piques contre l'opposition politique ou contre des citoyens. Les adresses à la nation et les émissions consacrées à chaque bilan annuel sont devenues des moments où les Maliens peuvent entendre leur président sans forcément entendre ce qu'ils aimeraient entendre. Car ces émissions de causerie sont des moments de soliloque où le président parle à lui-même. Le journaliste d'Africable Sékou Tangara en a fait les frais en posant des questions car le but étant de ne pas embarrasser le président. Alexy Kalambry des "Échos" essaie de pratiquer du journalisme face au flagorneur Sidiki N'fa Konaté qui a déjà transformé le média public en plateforme politique du régime.
Depuis l'abandon politique du projet de révision de la Constitution, IBK, désormais pressé par le calendrier électoral et décidé à regagner les cœurs sans solliciter les raisons des Maliens, ouvre grandement les portes du Palais à qui veut le soutenir ou à qui dont le soutien est politiquement bénéfique.
IBK et le goût du pouvoir
La route de Koulouba n'a jamais été aussi surveillée et isolée -sécurité du président, dans un pays en guerre, oblige. Cependant, Koulouba a rarement été en même temps accessible aux Maliens. Mais pas à tous les Maliens. Il ne s'agit pas seulement de démontrer que IBK distingue les bons Maliens des mauvais -comme il a d'ailleurs eu à le dire (propos vite recadré par Madame Sy Kadiatou Sow). Cependant, IBK a une préférence politique pour certains Maliens plus que pour d'autres. Du coup, il creuse l'inégalité politique entre les Maliens.
IBK invite à Koulouba les Maliens qui peuvent l'aider. Il montre clairement qu'il aime le pouvoir, rien que le pouvoir. Qu'il aime exercer le pouvoir et que tout ce qui l'intéresse, c'est le pouvoir. IBK reste muet devant les scandales politico-financiers, le cycle infernal de la mauvaise gouvernance, la crise sanitaire et les grèves sociales qui menacent le Mali dans ses fondements. Soit le président n'est au courant de rien, soit il est au courant de tout et ne dit rien. Dans l'un comme dans l'autre cas, la responsabilité du président l'oblige à s'adresser à ses concitoyens dans les moments de doute et de tension que traverse le pays. Seulement, le président est plus préoccupé par sa réélection que par le sort des Maliens.
IBK sait désormais ce qu'il l’attend. D'où ses apparitions, ses rencontres, car il faut donner l'image d'un président rassembleur et proche des Maliens, ce qu'il ne fut pas. Cela n'arrive-t-il pas trop tard ? On ne compte plus le nombre de soldats tués dans la défense de la patrie. Les Maliens ne pourront jamais oublier la passivité du président pendant les grèves des médecins. L'état de délabrement de l'école malienne est le constat d'un Mali d'en-bas abandonné à son triste sort car
nos enfants iront étudier à l'étranger pour venir vous gouverner comme nous l'avons fait avec vos parents.
IBK n'affectionne pas les contraintes du pouvoir mais seule la détention du pouvoir suprême l'importe. Le pouvoir étant pour lui, une finalité et non un moyen pour transformer le mal-être des citoyens en bien-être. En consacrant cette dernière année au Mali politique, IBK démontre que seul son mandat l'intéresse, et pense qu'il suffit de donner peu aux Maliens pour que ceux-ci vous redonnent tout.
Et IBK entend redevenir l'homme du peuple qu'il était dans les imaginaires avant son élection, qu'il n'a pas été une fois élu mais qu'il veut à tout prix paraître pour espérer être réélu.
Mahamadou Cissé -Citoyen sans mérite
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