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Modibo Keita, l'Homme.


"J'irai à Bamako quelle que soit la situation... Même s'il y a le feu".
Le dialogue entre le chef d'Etat et son épouse: " "n'as-tu pas appris les nouvelles de Bamako?" Modibo Keita se retourne et foudroie son épouse d'un regard chargé de signification. Mariam commentera plus tard: " depuis il m'a épousée, jamais, je ne l'ai vu poser sur quelqu'un tel regard". Il répond : "pense à l'histoire, à ce qu'on pourra dire demain" ." 

Un coup d'Etat, avec le destin du Mali en otage, l'attendait...

Un Homme, une Histoire, -à travers les citations tirées du riche et poignant ouvrage de Modibo Diagouraga Modibo Keita, un destin-, va vous réactualiser une figure, un orateur, un meneur d'hommes, un brillant chef d'Etat, en un mot, un Homme : Modibo Keita. Le transposer dans nos réalités d'aujourd'hui pour démontrer que Modibo Keita savait les combats qui attendaient l'Afrique, pourquoi il a défini les traits de l'Africain qui saura relever les défis du continent.

Contre l'impérialisme et sur le sort du Sahel.

Pour nous l'impérialisme n'est pas le fait d'un pays, d'un continent ou d'un bloc. L'impérialisme est cette manifestation de la volonté de domination d'un homme sur un homme, d'une société sur une société, d'un peuple sur un peuple et de vouloir à tout prix lui imposer son mode de pensée, son mode de vie, son mode de développement politique et économique, et alors, l'unité africaine exige de chacun de nous le respect intégral de l'héritage que nous avons reçu du système colonial, c'est-à-dire le maintien des frontières actuelles de nos Etats respectifs.

Nos adversaires ont tenté de nous créer la réputation de pays militarisé et agressif à cause de notre équipement en matériel militaire et de la mobilisation de toutes les couches de la population pour veiller jalousement sur notre indépendance. Mais... Pourrons-nous nous fier aux troupes de l'armée coloniale française pour défendre notre souveraineté nationale et l'intégrité de notre territoire, alors que des responsables de la France rêvent d'un grand Sahara contrôlé par eux ? Non ! On n'est bien défendu que par soi-même, et c'est pourquoi nous avons notre armée nationale, bien équipée et solidement soutenue par le peuple lui-même.


  De l'Africain à l'unité africaine.

Nous avons subi un certain nombre de traumatismes dont je ne suis pas sûr que nous soyons complètement guéris. Ces traumatismes ont pu détruire en nous le sentiment que nous sommes des hommes égaux des autres hommes... En outre, nous avons besoin de reconquérir notre dignité et de la faire respecter. La colonisation nous a crée certaines habitudes, donné certaines mentalités... "L'homme africain" doit se réhabiliter lui-même en se débarrassant des habitudes de vie et de pensée que lui a léguées la colonisation. L'homme africain doit opérer sa propre décolonisation... La révolution doit d'abord lieu en chacun des Africains, c'est ainsi que nous éliminerons nos propres faiblesses et que nous gagnerons des victoires sur nous-mêmes.

Les africains seront-ils capables de faire taire leur rancœur, d'étouffer leur orgueil, de briser le mur des préventions, de placer les préoccupations locales dans un contexte plus large ?

L'Afrique consciente, celle qui veut avoir sa personnalité propre et jouer un rôle déterminant dans la lutte gigantesque contre les forces de destruction et celles de paix soucieuses de la libération de l'homme de la faim et de la maladie, notre Afrique pacifique et humaine, contre vents et marées, doit mobiliser toutes ses ressources pour réaliser son unité, garante de la cohésion de la communauté... Au moment où l'on dénonce le nationalisme comme dépassé dans ce siècle de l'internationalisme, où l'isolement est mortel aussi bien pour les vieux pays que pour les jeunes, où les appels à l'union fraternelle des peuples sont démentis tragiquement par les évènements, devons-nous donc choisir ce moment pour exacerber les particularismes locaux, multiplier les causes de frictions et d'incidents, nier à l'Ivoirien, au Soudanais, au Mauritanien, au Dahoméen, au Sénégalais, au Nigérien, au Voltaique, droit d'établissement, droit de vie, parce qu'il n'est plus dans les limites de son pays d'origine ? Non ! Mille fois non. 

L'unité africaine est notre vocation, l'Afrique est notre raison d'être. Rien ne sera négligé par notre pays qui puisse accélérer la marche de nos Etats vers cette union sacrée de nos peuples. 

Contre la pandémie de la corruption.

Nous ferons notre socialisme sans révolution violente... nous ferons quand même une révolution. Cette révolution sera faite en chacun de nous, en chacun de vous, pour empêcher qu'au cours du développement économique de notre pays, la richesse ne soit accaparée par une minorité au détriment de la majorité. Pour cela, il faudrait que cet instinct d'accaparement, d'enrichissement, que l'on décèle déjà chez certains camarades, puisse être tué dans l’œuf. 

(...)



Oh ! Modibo Keita, à jamais avec vos craintes et vos visions, à aujourd'hui le chant de votre dignité et la louange de vos combats, je demande votre grâce, dans l'ombre de votre honneur, dans les pas de votre courage et dans la lumière de votre pensée, pour prendre la parole -car je n'ai point droit au mot après vous, le père de la nation malienne-.
Pour apporter à la lanterne, ces faits méconnus ou ignorés dans la traîtrise chère à l'oubli; pour réhabiliter, ne serait-ce que par cet acte d'écriture, votre héritage; pour faire rayonner votre charisme. 

Comment résumer Modibo Keita ici, contracter toute une Histoire, non ! Cependant il s'agit dans le cadre de la rubrique de rapporter les thèmes de son temps qui résonnent encore aujourd'hui. En attendant la suite, le livre de Modibo Diagouraga est conseillé vivement et sincèrement.

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