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IBK, le dernier homme

   Le président Modibo Keita n'est pas le dernier homme. Donc, Ibrahim Boubacar Keita (IBK) ne pourra pas le devenir. Moussa Traoré fut en sa manière et de par sa méthode de gouvernement, le premier et le dernier homme. Pourtant, IBK en est un. Le dernier homme qui suscita autant d'espoir pour en briser autant, sinon plus. Le dernier homme qui ferait pis car aucun acteur politique n'aura intérêt à égaler la pire gouvernance de notre histoire politique contemporaine.

   Le contexte qui a propulsé IBK au pouvoir aurait dû faire de lui, le dernier homme. De l'indépendance à aujourd'hui, ils sont trois à arriver au pouvoir suprême dans des circonstances toutes particulières. Y a-t-il un moment aussi périlleux de conduire le destin d'une nation qu'à ses premières années d'indépendance ? L'urgence était -soit de revenir au moment ante-colonial ou de créer une réalité post-coloniale. Cependant, aucun de ces deux postulats n'est possible. Toutefois, il était nécessaire, non pas de mettre entre parenthèse la période coloniale, mais de redonner vie à ce qu'elle a étouffé et de construire ce qu'elle empêchait sans perdre de vue aucun de ces trois moments. Le président Modibo Keita s'y consacra avec autant de fierté -et souvent de maladresse-, qu'il resta le dernier homme à avoir réussi tant.
   Après vingt-trois (23) années de restriction des droits et libertés civiques, il fallait pacifier un environnement politique violent, réconcilier les Malien.ne.s, faire croire en la réinvention de la pratique politique, la tâche qu'attendait Alpha Oumar Konaré (AOK) était immense. Pourtant, AOK a redressé le Mali politique mais le Mali démocratique n'a pas été réalisé dans toute sa plénitude.
   Le Mali était attaqué dans son honneur, et pour certains de nos compatriotes, il ne fallait pas un fin politicien ni un homme d’État, mais un "homme à poigne" -à la limite un dictateur avec une prestance de démocrate. IBK fut plébiscité, une première par le score -et probablement un premier par sa non-réélection. Les 77 % sont plus devenus un handicap qu'un avantage, un obstacle qu'une chance, l’orgueil a englouti la pensée et a accouché d'un narcissisme nuisible à toute action d'un homme public. Sinon, toutes les conditions étaient réunies pour faire de lui, le dernier homme. Mais pour une double raison, IBK est devenu le dernier homme.

   Le dernier homme d'une génération politique qui ne représente qu'elle-même et ses propres intérêts. La jeunesse politique qui, déjà, bouscule les usages et interroge les acquis, exige de nouvelles pratiques politiques. En effet, IBK vient d'un monde politique désavoué et discrédité. La confiance politique n'existe plus. Et à la place, s'est construit un marché politique où les biens politiques s'achètent mais ne se méritent pas. C'était une situation de contentement -donc de presque résignation. Il fallait faire avec. La médiocratie a remplacé l'esprit de méritocratie de la Première République.
   IBK sera également le dernier homme politique à trahir ses promesses dans une telle proportion et à avoir été le contraire dans les actes de ce qu'il fut dans les imaginaires. Il sera le dernier homme à bénéficier d'une telle patience des Malien.ne.s. Car, deux situations s'offriraient, mettre un terme à son mandat en plein mandat ou aller au terme de son mandat sans mandat, la perte de la légitimité populaire.



Mahamadou Cissé- Citoyen sans mérite


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