Accéder au contenu principal

Le pullulement maladif des partis politiques en Afrique.

- "Quoi de neuf docteur?" Ma pilule ne passe plus devant la menace sanitaire des partis politiques.
- J'ai bien peur que oui, impossible de trouver ni le lit rêveur, ni la chambre visionnaire du patient politique, c'est écœurant, un véritable danger !
- Quelle ligne, dois-je ou puis-je suivre devant cette panoplie inutile et ces gadgets politiques qui maquillent une clinique démocratique à la dérive ?
- Quelle honte de détourner de son objectif un tel outil indispensable et précieux qui est le parti politique dans une démocratie, ou du moins une démocratie de forme. DOMMAGE !

Fredik Cygnaeux, " l'histoire démontre que la liberté d'esprit n'a pas pu se développer nulle part sans liberté politique ", mais la liberté politique ne saura cautionner l'indignité libertaire politicienne, raison pour laquelle cette blessure démocratique n'est souvent que la résultante de cette liberté politique mal assimilée par nos politiciens en Afrique.
"Ce qu'on appelle union dans un corps politique, est une chose très équivoque : la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la société comme des dissonances, dans la musique, concourent à l'accord total", Charles de Montesquieu.

Patient cherche médicament: idéologie !

Comme le dit Joseph Ki Zerbo, "en Europe, les partis politiques se sont fondés sur les classes sociales", cependant en Afrique, les partis politiques après les indépendances - en trahissant les idéaux des pères fondateurs de nos nations - ont abusé et détourné les aspirations du peuple, en chantant: la démocratie, la justice et les grands thèmes creux de la dignité africaine. Ils ont vendu des images idéalistes de la démocratie et du rôle des partis, sans s’atteler à la formation et à la construction du citoyen pour connaître et se servir de cet outil pour le bien commun et pour la santé démocratique.
Le parti politique est une identité, une vitrine d'idées, de projets et un ensemble de valeurs prônées par des femmes et des hommes, et auxquelles valeurs s'identifie un citoyen. Ces hommes et femmes ont le devoir d'ancrage, de formation, de guide pour que les idées ne soient éparpillées et se fondre sans laisser de traces dans la nature démocratique, aussi pour que le citoyen s'approprie du parti, se nourrit de ses idées, s'habille de ses valeurs et lutte pour défendre ses programmes.

L'absence d'idéologie, "l'inutilité du fameux projet de société" qui empêche de faire réellement de sérieux programmes édifiants et réfléchis pouvant répondre aux besoins de la société sur le plan de l'éducation, l'alimentation, la santé, la sécurité... Combien de projets de société pour une seule société malienne, mais combien sont-ils pour faire des programmes tout en démontrant où sortira et ira l'argent de leurs promesses irréalisables et incongrues ?
Le militantisme conditionné, le faible taux d'adhésion, l'homme ou la femme qui devient l'incarnation du parti et non la ligne idéologique du parti, l'option financière qui prévale dans le choix du candidat pour défendre les couleurs du parti et l'escamotage du débat interne pour un choix démocratique du candidat ne constituent que des plaies dans le corps des partis politiques.
Que dire du nombre ahurissant des partis politiques, dont la moyenne en Afrique dépasse la centaine ?
Comment qualifier le financement public en milliards de ces partis politiques par les maigres ressources de nos États, l'argent du citoyen; des partis dont l'existence prend fin après les élections ou dont les alliances arrivistes et cupides relèvent plus de l’opportunisme que de l'accomplissement par le parti de son rôle démocratique ?

Le parti politique, comme poumon de la vie démocratique, est entrain d'être asphyxié par le multipartisme despotique et confiscatoire à de mauvais desseins.

Multipartisme périclitant, quel remède ?

Pour paraphraser Joseph Ki Zerbo, un multipartisme qui n'assure pas l'expression plurielle de la volonté politique du peuple, est un "monopartisme de fait". Du refus du monopartisme, en passant par le multipartisme anarchiste et opportuniste, nous voilà à l'heure du "confus-partisme".
Chaque citoyen a-t-il droit à un parti politique ? Comment permettre au citoyen de s'identifier, de se construire dans cette forêt amazonienne de partis ?
Pluralité des partis et rareté de ligne politique pour ne pas dire singularité de vision. Les partis qui ne servent que d'avatars les uns aux autres avec le perpétuel changement de veste des dirigeants des partis politiques.
Les politiciens migrateurs et très sensibles à l'appât du gain mais moins intrépides à assumer la prédestination logique qui leur conduit dans l'opposition. Hélas ! Tous ces partis, pour ne pas se trouver dans une opposition - ne serait-ce minoritaire - mais engagée, ne jurent que par la majorité présidentielle.
En Afrique, il est temps d'avoir cette responsabilité politique, une culture politique dans les partis qui invite aux débats d'idées, aux confrontations de projets et à la fidélité idéologique à son parti.
Il est temps d'arrêter avec cette alliance contre-nature des partis qui s'affrontent aux présidentielles pour s'allier aux législatives, ces alliances ne font qu'affaiblir la légitimité des partis politiques et avilir l'image du multipartisme.
Selon André Frossard, "chaque fois que les circonstances mettent en demeure l'homme de choisir entre le parti et la vérité, il est constant qu'il choisit le parti".

Comprenons-nous bien, ici, il n'est pas question d'instaurer un bipartisme pour prendre en otage la pluralité des opinions ou d'imiter ces modèles d'outre-mer -deux ou trois partis- qui sont de plus en plus contestés par les populations. Cependant il est urgent de repenser un autre modèle de multipartisme contrôlé et sain, pour ne pas abuser du multipartisme et afin de restreindre cette liberté de création arbitraire de partis politiques à certaines idéologies pour pousser les partis à se démarquer clairement les uns des autres et proposer des programmes cohérents et présenter des femmes et des hommes bien ancrés dans leurs partis pour un prompt rétablissement de la démocratie.

Faute d'un soin idéologique, la politique africaine en général et malienne en particulier, agonise dans la tourmente multipartite -"rejeton" d'une démocratie saignante-, avec l'espoir de trouver ce garrot doctrinaire pour arrêter cette hémorragie et transfuser du sang neuf, probe et réfléchi.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le peuple sur la voie de la démagogie et du ridicule

Attention!!!... "Heureusement le ridicule ne tue pas"... Mon bon monsieur,  Apprenez que tout flatteur, Vit aux dépens de celui qui l'écoute...    ( La Fontaine) Politique sans auditoire (sans peuple) = ridicule social. Il est temps de finir avec le jeu du "faiseur de roi" qui n'est au fait que le "laquais du roi", si pour critiquer la conduite politique, le peuple s'en donne à coeur joie et à verbe fort, utile de rappeler que coupable devient le peuple de la démagogie dont il se croit victime. Le peuple, père politique se ridiculise en dénonçant un fils qui n'est plus ou moins que l'image de sa vision et la forme de sa pensée, est toujours prêt à dénoncer, à critiquer mais refuse et s'oppose à toutes formes d'auto-critique et d'auto-évaluation; mais il ne rate pas une occasion de monter sur les pavés pour s'engager et soutenir ce fils tant glorifié mais pour être aussitôt banni. Difficile peuple sans scrupul

"Na lara, an sara" - se coucher et mourir ou se lever et se battre, l'historien Ki-Zerbo.

Entretien imaginaire avec un Homme, qui plus est un Historien : Joseph Ki-Zerbo. Pourtant, ne l'ayant presque jamais rencontré, me voilà au bout des lignes et aux révélations des pages, en face d'un Homme : Joseph Ki-Zerbo. Interloqué mais heureux, Mr Ki-Zerbo reconnut l'étudiant amoureux de l'Afrique mais haineux à cause du sort de son continent et de la conduite -peu exemplaire et digne- de ses fils, sachant bien la petite frontière entre l'amour et la haine. Nous voilà, passionnés et engagées dans une discussion sur l'Afrique et son heure. Ayant senti que le temps pressait plus chez moi, quand il s'était figé net chez lui depuis longtemps; il se mit à raconter.   -Tu sais, " quand, avec Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral et les autres, nous nous battions pour l'indépendance africaine, on nous répliquait : " Vous ne pouvez même pas produire une aiguille, comment voulez-vous être indépendants ? " Mais justement pourquoi nos pays ne po

Le MNLA...opération séduction

Après le cessez-le-feu décrété par le MNLA - mouvement national de la libération de l'azawad-, le mouvement est désormais en opération séduction...séduire qui et comment? La déclaration de leur indépendance qui n'est en rien un évènement mais une erreur de jugement et un aveuglement de leur part, refusant d'admettre la réalité des choses : le Mali est un territoire et il n'existe pas un azawad dedans. Cependant grâce aux sollicitations de médias internationaux, le MNLA ne manque pas d'audience et en profite pour séduire des pays en vue de soutenir leur cause et à les considérer comme une nation entière dans le Mali, car ils se donnent désormais comme mission de lutter contre toutes sortes de trafics (drogues, armes et prises d'otages), particulièrement contre AQMI- al'qaeda au Maghreb islamique-. Ces sujets sensibles peuvent paraître aux yeux du monde comme un combat noble et salutaire - et ça l'est-, mais c'est la partition du territoire malien